Des cris. Des pleurs. Mais ce n’est ni de la tristesse, ni de la colère, ni même de la joie, c’est l’annonce de la naissance de la petite dernière de la famille Rosewood. Roxee vient rejoindre deux autres enfants, son frère et sa sœur prêts à l’accueillir et à l’aimer. La vie semble bien commencer pour la petite, et en effet elle n’a rien pour être malheureuse, elle est aimée, entourée, des milliers d’enfants rêveraient de vivre au sein de sa famille, et pour tout dire Roxee a eu une enfance normale heureuse. Elle était un vrai rayon de soleil, toujours joyeuse et proche de son frère et de sa sœur. Elle découvrit aussi la danse, dont elle tomba tout de suite amoureuse. Elle se voyait déjà devenir célèbre, devenir une immense danseuse, de faire partie d’une troupe et de voyager dans le monde entier. Elle prit des cours de danse dès qu’elle fut assez grande pour danser en rythme et il s’avéra qu’elle était plutôt douée pour une toute petite fille.
Certes elle a aussi vite commencé à avoir une certaine tendance à obtenir tout ce qu’elle voulait des autres enfants, elle savait se montrer persuasive, mais elle n’a jamais été méchante, enfin du moins, du plus loin qu’elle s’en souvienne. Mais en un jour tout fut finit, en un jour, elle changea complètement et de son point de vue sa vie s’enfonça peu à peu dans l’ombre.
Un regard. Un seul. Et je compris qu’il était arrivé quelque chose. Je voyais bien que Papa hésitait à m’en parler, j’avais 12 ans, et quelque chose s’était produit. Je m’étais alors assise dans l’entrée de la maison et j’attendis, pendant des heures sans bouger, sans parler. J’attendais de voir qui ne rentrerait pas, j’avais compris bien sur qu’il était arrivé quelque chose à l’un des membres de ma famille, Papa et Jenny était effondré, ils chuchotaient, se consolaient sans faire attention à moi, ils étaient trop triste. Alors j’attendis pour savoir. Puis la porte s’ouvrit enfin, avec un pincement au cœur je la regardais s’ouvrir toujours plus grand. Maxim était là, mais pas maman, ils étaient sortis tous les deux, et je pensais bien que un des deux étaient à l’hôpital ou un truc comme ça. C’était donc elle qui avait eu un problème mais peut être qu’elle irait bien, que tout irait bien. Je me mis alors à scruter le visage de mon frère m’attendant à voir un signe d’une bonne nouvelle, un signe que tout allait bien et qu’on pourrait aller la voir bientôt. Encore une fois, j’attendis longtemps mais rien ne vint. Je ne bougeais toujours pas mais plus les minutes passaient plus je sentais mon cœur se brisait et mes larmes montaient à mes yeux. Pourtant je ne voulais pas bouger tant que personne ne me dirait que c’était bon, tout allait bien, que maman était en vie. Personne ne vint dire ça, jamais. Jenny finit par venir me chercher, elle me souleva comme elle put et m’emmena dans ma chambre pour que je dorme. Elle essayait de me consoler, de me rassurer, elle me disait qu’elle était là, attendant une quelconque réaction de ma part. Mais je ne dis rien. Je ne pleurais même pas, du moins pas devant elle. Je n’ouvris plus la bouche pendant près d’un mois après ça, et après je parlais peu. J’avais perdu toute la joie, du moins pour un certain temps. Heureusement pour moi j’avais un frère et une sœur qui m’aimait et qui me protégeait même si il souffrait eux aussi. Cependant, je voyais bien qu’ils me lançaient des regards inquiets, surtout pendant mon long silence. J’avais beau les aimé, ils devaient comprendre qu’il s ne remplaçaient pas, et qu’ils ne remplaceraient jamais maman. Pendant longtemps, j’eus du mal à dormir, à trouver le goût pour vivre. Je me jetais alors corps et âmes dans la danse, je voulais plus que tout rendre ma mère fière en devenant une grande danseuse. Pendant un an je restais, terne, morne, déprimée, puis petit à petit je compris que cela n’en valait pas la peine, que maman n’aurait pas voulu que je sois comme ça alors j’essayais de recommencer à vivre normalement, avec toujours une petite pensée pour elle dans mon cœur, de recommencer à sourire, et pour le plus grand bonheur de Jenny, Maxim et Papa, j’y arrivais doucement, progressivement, mais j’y arrivais. Je retrouvais ma joie de vivre, même si cela ne serait jamais comme avant, je le savais.
« Roxee, je … je crois que je t’aime. » Je fixais la personne en face de moi. Je ne laissais rien paraître mais j’étais complètement perdue. Je n’avais aucune idée de la manière dont réagir à cela. Quatre ans s’étaient écoulés depuis la mort de ma mère pourtant j’aurais tellement aimé qu’elle soit là en ce moment. Qu’elle puisse me dire comment réagir, me dire quoi faire. Qu’est-ce que l’on pouvait bien répondre quand votre meilleure amie vous disait ça ? Et pour une fois je ne pouvais pas non plus faire comme j’en avais l’habitude dans les cas où je ne voulais pas répondre. Ignorer totalement la personne qui avait parlé. Pas avec elle. C’était le moment où jamais, si je devais bien parler un jour ce devait être celui là. Je la voyais m’observer entre appréhension et espoir, et elle ne semblait pas déconner. Je la connaissais par cœur et je savais qu’elle était tout à fait capable de me faire ce genre de blagues, mais vu la tête qu’elle tirait soit elle était la meilleure actrice que j’avais jamais vue soit elle était sérieuse. Je soupirais, je ne voulais pas la perdre, je tenais tellement à elle, on avait toujours été inséparable, comme des sœurs, et c’est, je pense, ça qui me dérangeait le plus, car au fond je savais que je l’avais toujours trouvé attirante. Parfois, il m’arrivait même de rêver de nous deux, ensemble. Est-ce que je l’aimais ? Bien sûr c’était ma meilleure amie, mais plus ? Je n’en avais pas la moindre idée, mais plus j’y pensais plus j’étais attirée par cette idée. Elle et moi, ensemble, on s’entendait tellement bien, cela ne pouvait que marcher. D’un autre côté, j’étais aussi perturbée, moi, Roxee Rosewood, la fille qui enchaînait les petits amis tous plus populaire les uns que les autres, je venais de me rendre compte que sortir avec ma meilleure amie, une fille, ne me gênait pas plus que ça, au contraire j’en avais envie. Par contre, je me demandais si notre amitié, notre si belle amitié survivrait à cela. Mais je décidai de ne pas me prendre la tête, après tout je n’étais pas contre les nouvelles expériences, et j’étais aussi plutôt du genre à vivre au jour le jour, et ne pas me prendre la tête avec ce qui pouvait se passer plus tard, alors autant foncer, si on en avait envie toutes les deux.
Je la regardais, elle me fixait toujours, mais elle semblait penser qu’elle n’aurait droit à aucune réponse. Je lui souris alors, et lui pris la main. Avant de lui déposer un léger baiser sur les lèvres. Je verrais bien ce qui arrivera. Je lui souris de nouveau, avec un air mystérieux, pour répondre au sien, surpris. Même après toutes ces années elle ne me connaissait pas encore totalement, j’étais la seule à blâmer, à ne jamais rien dire. Je l’entraînais vers notre prochain cours, les jours qui suivraient risqué d’être intéressant, et j’adorais sortir de la routine.
J’étais adossée contre un mur, en bas de mon, désormais, ancienne école de danse. Une cigarette à la main, j’essayais de me calmer. Je sais c’est une très mauvaise habitude, surtout pour une danseuse, mais je ne pouvais pas m’en empêcher, et puis je fumais très peu, vraiment peu, juste quand j’étais hors de moi, et là c’était le cas. En claquant la porte de la salle de cours, c’est comme si j’avais claqué la porte à tous mes rêves, mais d’un autre côté je n’estimais pas avoir besoin de toutes ses âneries et de ses débiles de profs frustrés de se retrouver avec des élèves au lieu d’être célèbres.
« Rosewood ! Vous n’êtes pas assez concentrés. Recommencez ! Continuez comme ça et vous finirez serveuse dans un bar pour rembourser vos prêts d’études ! » Cette fois, c’était les paroles de trop et j’étais partie en claquant la porte. Cela faisait deux ans que j’avais intégré cette école, comme je l’avais toujours rêvé pour quand j’aurais fini le lycée, et jusqu’ici cela avait été absolument merveilleux. Surtout que toute ma famille, et en particulier mon frère, étaient derrière moi pour me soutenir et me motiver quand c’était nécessaire. Mais deux mois auparavant j’avais changé de prof, et là, mes cours étaient devenus un enfer. Je n’étais jamais assez bien, et il me traitait de feignasse, il était persuadé que j’étais capable de faire mieux. Bref depuis qu’il était arrivé je me contrôlais, prenant sur moi pour ne rien dire, mais aujourd’hui, cette fois, cela avait la fois de trop, et j’avais claqué la porte définitivement, je ne reviendrais pas, ça j’en étais certaine. J’étais aussi sûre d’être capable de me débrouiller seule, j’avais assez de talent pour arriver à me faire un nom sans l’aide de personne. J’éteignais ma cigarette et allais acheter un journal. Je ne voulais pas perdre de temps pour trouver un emploi, peu importe ce que c’était. Je savais que sans diplôme il était plutôt difficile de trouver un job dans ce métier mais j’étais déterminée. Je regardais rapidement les annonces, deux me concernaient. Une demandait une expérience et un diplôme d’une grande école de danse, une école comme celle que je venais de quitter. L’autre n’était pas du tout ce que je cherchais, du strip-tease, mais je gardais quand même le journal, au cas où je ne trouvais rien d’autre. Certes, je n’avais pas l’âge demandé, 22 ans, mais je savais que cela ne serait pas un problème, je venais à peine d’avoir 20 ans, mais je pouvais aisément paraître un ou deux ans de plus. J’envoyais un texto à ma meilleure amie, j’avais besoin de son soutien car pour le moment je me voyais mal rentré chez moi et annoncer que j’avais tout plaqué, je ne voulais pas les décevoir. Et oui, toujours la même meilleure amie qu’il y a quatre ans. A l’époque nous étions sortis quelques mois ensemble, mais on s’était vite rendu compte que en couple cela ne marchait pas entre nous, et que l’on avait besoin de notre confidente et meilleure amie respective alors on avait rompu, mais je m’entendais toujours merveilleusement bien avec elle, heureusement. Je m’engageais vers le café que je lui avais indiqué, je ne pourrais éternellement caché à mon frère et ma sœur que j’avais quitté l’école, sauf si je leur annonçais que l’école m’avait pistonné pour un emploi, là ça passerait mais sinon, je ne pouvais pas leur dire, pas encore. Je préférais attendre encore un peu, quelques jours, voir si je trouvais quelque chose sinon, je prendrais mon courage à deux mains et leur dirai tout. Pourtant, je ne voulais pas vivre au crochet de mon frère et ma sœur, ils avaient déjà tellement fait pour moi. Et je ne supporterais pas de rester constamment à la résidence, comme la pauvre fille du proprio, incapable de trouver un job et profitant du nom de son père pour rien faire. Ce n’était pas moi ça. Je voulais un travail, quelque chose qui me fasse sentir adulte, responsable. Mais encore fallait il que j’en trouve un ! Je soupirais une nouvelle, j’en revenais toujours au même problème. Je jetais un coup d’œil au journal dans ma main. Si je ne trouvais rien au bout d’un mois, j’accepterais l’offre.
Finalement, j’allais peut être vraiment finir dans un bar, mais je ne serais pas serveuse, c’était déjà ça. Et puis, le strip-tease c'était quand même de la danse, non ?
Allongée sur mon lit, dans l’appartement que je partageais avec Max’, je fixais le plafond, essayant d’occulter les sons extérieurs. Mais comment oublier les sirènes des voitures de polices, les murmures des locataires curieux et attirés par l’agitation ? Je ne le pouvais pas et pourtant ce n’est pas que je ne le voulais pas. J’aurais aimé pouvoir fermer les yeux et les rouvrir 9 ans plutôt avant que Maman ne meure, avant que Jenny soit inerte dans la piscine remplie de son sang. Oui, ma grande sœur était morte, assassinée. Maxim venait de trouver son corps dans la piscine, dans laquelle, j’en étais sûre je ne mettrais plus jamais les pieds. J’aurais aimé pleurer, crier ou faire quelque chose mais j’avais juste eu la force de monter machinalement au premier pour arriver jusqu’ici, ensuite mon corps n’avait plus répondu à rien. Je ne pouvais même pas me tuer à petit feu à coups de cigarette. La vision de son corps dans la piscine ne cessait d’apparaître devant mes yeux, et la seule manière de ne plus être obligée de revoir ça encore et encore, c’était de me rappeler d’elle, vivante. Mais cela ne m’aidait pas plus, car je me souvenais alors que les derniers mots que je lui avais dit dataient de deux semaines et se résumaient à
« Tu n’es qu’une garce ! Je te déteste ! Dégage, je ne veux plus te voir … » Et d’autres choses tout aussi sympathique. Et maintenant, elle était partie, ma grande sœur avait disparu et je n’avais même pas pu lui dire au revoir, ou au moins que je l’aimais. Tout ça parce que j’avais fini par postuler à cette annonce trouvée dans le journal plusieurs mois plus tôt. Ce n’était pas vraiment le travail dont je rêvais, mais cela me permettait de prendre mon temps pour trouver mieux. Cependant je n’en avais parlé à personne, j’avais été évasive sur mon départ de l’école parlant d’un stage dans une compagnie. Puis j’avais enfin osé en parler avec Jenny, je pensais que elle me comprendrait, ou du moins accepterait mais je m’étais totalement trompée. Elle m’avait traité de tous les noms, me disant qu’elle avait honte de moi. Mes relations avec ma sœur avaient toujours été houleuses mais je n’imaginais pas qu’elle soit capable de me dire ça un jour, je pensais qu’elle était celle qui me comprendrait le mieux dans mon choix, malgré sa tendance à toujours vouloir me contrôler. Bref, je m’étais déjà sentie trahie, et je ne voulais déjà plus vraiment la voir mais quand, en arrivant au travail quelques jours plus tard, je fus tout simplement mise à la porte parce que j’avais menti sur mon âge. Pendant un moment, je me demandais comment mon patron avait pu faire ça puis la lumière s’était faîte. Bien sur, qui d’autre que Jenny aurait pu allé parler à son boss pour pourrir la vie à sa petite sœur dont elle était si peu fière ! En plus, elle faisait partie des deux seules personnes à le savoir, cela ne pouvait être que elle.
J’étais rentrée à la résidence, en véritable furie, et lui avais dit tout ce que je pensais d’elle et de ses méthodes et que je ne voulais plus ni la voir ni lui parler à partir de ce moment là. C’était il y a deux semaines. Et maintenant elle était morte, et malgré toutes les disputes, et la haine que je ressentais alors, Jenny est, était, ma sœur, et je l’aimais quand même, même si on a toujours tendance à se rendre compte de ce genre de chose lorsqu’il est trop tard.
Je m’en veux, incroyablement. Surtout que maintenant, je me dis qu’elle voulait peut être me protéger, à sa manière. Mais je ne le saurais jamais.
Je sentais les larmes coulaient sur mes joues. L’assassin était-il là en bas, en train d’admirer son œuvre. Où dans un des appartements ? Dieu sait que Jenny était une véritable peste qui avait le don d’énerver son monde. Mais la tuer ? Pour ça ? Je ne contrôlais absolument plus mes larmes, et enfin je pus rouler sur moi-même et attraper une clope. Je devais fumer, j’avais besoin de fumer. Et de mon frère. Où était-il ? Je ne voulais pas le perdre lui aussi. Je serais absolument anéanti si cela devait arriver. Je n’aurais plus aucune raison de vivre. Comme s’il était ma lumière au milieu de l’ombre …
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Sujet: Roxee ♣ Life is a bitch but i love it ... 
Dim 15 Mai - 20:02
Merci grand frère 
