Toi et moi, seuls contre tous - ( Maxim. )

Roxee errait dans Central Park, sans but précis. Elle fumait, encore. Ses derniers jours, elle avait plus fumé que depuis qu'elle avait commencé. Mais elle s'en fichait. Peu importait si elle devenait accro, ou si cela allait la ralentir pour réaliser son rêve. Un peu comme si elle cherchait à se tuer à petit feu.
Depuis la mort de Jenny, elle était vidée de toute énergie. Mais elle s'était forcée à sortir de l'appartement, de la résidence qu'elle ne pouvait plus supporter. Rien qu'imaginait que sa sœur avait été tuée là, et certainement par un des locataires, lui donnait la nausée. Et puis voir la piscine, toute la journée, la rendait folle, à chaque fois qu'elle posait les yeux dessus, elle ne voyait pas l'endroit désert qu'elle était devenue mais le corps de Jenny flottant à la surface. Elle aurait tellement voulu ne jamais voir ça, maintenant elle était hantée par cet image, et plus elle essayait de l'oublier plus elle s'imposait à ses yeux.
Elle soupira et frappa un caillou rageusement. C'était pas juste. Pourquoi était-elle partie comme ça, maintenant ? Alors que Roxee lui avait dit qu'elle la détestait. A croire que celui qui avait fait ça avait parfaitement choisi son moment pour lui faire le plus de mal possible. Elle n'arrêtait pas de repenser à la dernière discussion qu'elle avait eu avec sa grande sœur, et maintenant elle se disait qu'elle était vraiment stupide d'avoir réagi à l'énième petite magouille de Jen', après tout ce n'était pas comme si c'était la première fois qu'elle lui faisait un truc pareil. Même si c'était la première fois qu'elle l'avait autant insulté, aussi violemment du moins. La jeune femme s'insulta intérieurement pour qu'elle se calme. Cela ne servait à rien de se torturer en repassant ces événements dans sa tête, de toute manière elle ne pouvait pas changer les choses, plus maintenant, il était trop tard.

Un enfant passa près d'elle en courant. Roxee avait l'impression que le monde s'était arrêté de tourner pourtant pour les gens autour d'elle, aujourd'hui était un jour comme les autres. Il n'y avait pas de quoi changé leurs habitudes. Les sourires, les rires, tout ça lui vrillaient le cerveau et Rox' s'engagea vers la sortie du parc. Il lui était impossible de voir tous ces gens heureux. Et puis de toute manière il allait bien falloir qu'elle rentre chez elle, elle ne pouvait pas éviter ça éternellement, et l'après-midi était déjà bien avancée et ce n'était pas la peine d'inquiéter son frère.
Elle marchait machinalement, sans faire attention où elle mettait les pieds, elle aurait très bien pu se diriger dans la direction opposée de la résidence, mais une nouvelle fois elle s’en fichait, et d’une certaine manière elle espérait pouvoir disparaître dans la foule, disparaître et ne jamais revenir.

Ses pas la menèrent inconsciemment chez elle, et quand elle arriva il commençait à faire nuit. Elle souffla un bon coup et hésita. Elle ne voulait vraiment pas rentré mais il le fallait. Rox’ se motiva intérieurement puis entra dans la résidence en marchant le plus vite possible. Elle espérait qu’elle ne rencontrerait pas un des locataires. Depuis la découverte de Jenny, ils avaient tendance à les regarder, elle et son frère, avec de la pitié et de la compassion. A croire que Jen’ était la fille la plus gentille du monde, et qu’ils l’adoraient tous ! A chaque fois, Roxee serrait les poings et les dents histoire de ne pas être désagréable mais l’envie de leur en coller une ne lui manquait pas. Elle se précipita dans les escaliers et arriva rapidement devant la porte de l’appartement qu’elle partageait avec Maxim. Elle avait fait le plus dur. Entrée sans jeter un coup d’œil à la piscine, et sans avoir à parler à quelqu’un. Elle ouvrit la porte, et souffla de soulagement une fois à l’intérieure. Cet appartement représentait son indépendance, mais il était aussi son cocon, l’endroit au monde où elle se sentait le mieux. Tant qu’elle ne pensait pas qu’il faisait partie de la résidence, du lieu où on avait retrouvé sa grande sœur morte, elle arrivait à être un peu sereine, du moins elle essayait de s’en persuadée.

Ses yeux tombèrent alors sur la fenêtre du salon, sentant son cœur s’emballait elle fonça fermait les rideaux. Pourquoi fallait-il que cette foutue piscine soit partout ? Elle ferma les yeux et glissa contre le mur. Finalement, elle ne se sentait bien nulle part. Elle sentit une larme coulait le long de sa joue, elle n’était pas du genre à pleurer mais là elle ne pouvait pas se contrôler.