❝ AOUT 1989 ♚ ATHÈNES, GRECE ❞
Cela faisait maintenant six ans et quatre mois que j'étais né dans la capitale grecque, Athènes. Nous vivions avec mes parents ici pour le boulot de mon père. Il avait été muté peu de temps avant ma naissance pour diriger l'une des filiales de son entreprise dans ce beau pays méditerranéen. Cependant, toutes les bonnes choses ont une fin et nous devions partir d'ici. Les termes du contrat de mon père, Monsieur Bell comme tout le monde l'appelait, prenait fin en ce mois d'Août 1989. Je ne comprenais pas pourquoi. Je n'avais que 6 ans et je ne voulais pas partir de Grèce. Je voulais rester chez moi.
« Maman, pourquoi on est obligé de partir ? » Je la regardais pendant que ma sœur cadette était dans ses bras. Après tout, elle n'avait que deux ans.
« Je te l'ai déjà expliqué, Timothy. C'est papa, il a bien travaillé. Du coup, nous pouvons rentrer chez nous. » Me répondit-elle avec un sourire aux lèvres. Apparemment, elle était heureuse. Heureuse de quitter ce pays où j'avais grandit depuis ma naissance.
« Mais je veux pas. On est chez nous ici. Je veux pas partir. »« Je sais, mon chéri. Mais nous n'avons pas le choix. Papa va avoir un nouveau travail à Los Angeles et nous devons le suivre. Tu comprends ? »« Je peux comprendre et ne pas vouloir y aller. Je veux rester avec mes amis. » J'avais beau parler, je ne pus rien faire. Leur choix avait été fait et nous allions quitter la Grèce pour les États-Unis, pays dont ma mère me disait que je m'y plairais. Je ne la croyais pas. Nous avons donc déménagé en Août 1989 pour partir en direction de la Cité des Anges en Californie.
❝ JANVIER 1995 ♚ LOS ANGELES, USA ❞
Finalement, comme ma mère me l'avait promis, je m'étais senti bien dès les premières semaines de notre arrivée. Je m'étais fait de nouveau amis dans le voisinage et j'avais en même appris que nous serions dans le même établissement scolaire à la rentrée qui se trouvait être dans quelques jours. Tout s'était passé à merveille et aujourd'hui, je ne regrette plus ce changement. Bien que je n'ai plus le climat méditerranéen, le beau temps de la Californie m'allait très bien.
Les fêtes de fin d'année était désormais et les cours pouvaient reprendre. J'aimais bien l'école. Enfin, j'aimais bien retrouver mes amis là-bas. J'avais des notes plus que convenables et j'étais l'un des élèves les plus populaires. Je n'étais pas le plus populaire. En effet, mon ennemi numéro un avait cette place. Mais qu'il la garde, je préfère être bien entouré que d'être une tête de mule sans cœur comme lui. A chaque fois qu'il m'attaquait, je lui répondais. Depuis que je lui avais mis sa raclée, il ne m'emmerdait plus et les plus faibles s'étaient de suite tournés vers moi parce que j'avais su le maîtriser et lui remettre les idées en place. Cet épisode m'amusait encore. J'étais donc tout ce qu'il y a de plus normal, dans une famille aimante et avec une soeur de quatre ma cadette adorable que je protégerais quoi qu'il arrive. Je n'avais que douze ans mais je comportais déjà comme un grand frère protecteur. La famille, c'est sacré !
❝ AVRIL 2003 ♚ RAIPUR, INDE ❞
Au lycée, j'avais fini par comprendre que j'étais plus intéressé par les autres garçons que par les filles. Je me posais énormément de questions quant à mon orientation sexuelle et la conclusion me vint rapidement en tête. Cependant, je ne savais pas comment réagirait ma famille et je ne leur en parlais pas. Seule, Cassandra le comprit et elle m'en parla franchement en m'avouant que cela ne changeait rien pour elle et qu'elle me considérait toujours comme son grand frère protecteur qui avait toujours été là pour elle. Cette cachoterie face à mes parents fut sans doute l'élément déclencheur qui me permit de quitter le cocon familiale et de m'enfuir à l'autre bout du pays. En effet, j'avais fait une demande à New-York pour entrer dans leur université et suivre les cours de photographie. Je m'y intéressais depuis quelques années et j'avais envie d'en faire mon métier. Je me suis donc installé à New-York et plus précisément à Brooklyn pour suivre des études que j'adorais plus que tout. Je vivais ma petite vie et je m'assumais enfin en tant qu'homme aimant les autres hommes. Ici, je pouvais être moi-même.
Aujourd'hui, j'avais vingt ans et j'adorais toujours autant la photographie. Je ne désirais pas devenir photographe professionnel mais j'aimais prendre un appareil et photographier le monde dans lequel je vivais. C'est pourquoi, j'étais parti en Inde pendant les vacances pour rendre à la rentrée un devoir original et unique. Je mêlais ainsi plaisir et travail car j'avais toujours rêvé de visiter ce pays. J'étais dans les alentours de Raipur, dans l'Est du pays, et je profitais de l'hospitalité d'un temple bouddhiste pour travailler en paix et dans une zen attitude plus que présente. J'étais si bien que je n'aurais jamais pensé pouvoir en repartir. J'avais tout fait pour ne pas rester en ville et dormir à l'hôtel. Grâce à l'un des moines avec qui j'avais sympathisé le premier jour de mon arrivée, j'avais trouvé un lit. Certes, c'était précaire mais j'aimais ce style de vie. J'étais heureux d'être venu. La journée, je partais en compagnie de ce moine à travers la jungle pour visiter et faire mon devoir tout en découvrant une nouvelle culture et un nouveau pays que j'aimais de plus en plus. A dos d'éléphant, nous avancions dans la jungle indienne.
« Ton pays ne te manque pas ? » Me demanda le moine en question qui parlait notre langue.
« Pas le moins du monde. Je n'ai même pas envie de partir dans deux jours. »« Pourquoi ne resterais-tu pas une semaine de plus ? » Je commençais à réfléchir. J'aurais toujours le moyen de m'arranger avec l'université sachant que j'étais parti pour un devoir à rendre deux semaines après la rentrée. Il me suffisait d'un mail pour rester une semaine de plus. Je pris donc la décision rapidement.
« D'accord. » Répondis-je dans la minute qui suivit. Impulsif, je ne mis pas longtemps à me décider.
« Namaste, mon ami. »« Namaste. » Continuais-je en joignant mes deux mains l'une contre l'autre en direction de ce moine. Je lui souris et notre route continua jusqu'au repère des tigres de la région dans un temps abandonné et en ruine.
❝ MAI 2011 ♚ NEW-YORK, USA ❞
Beaucoup de choses avaient changé depuis que j'étais revenu d'Inde. Premièrement, j'avais 27 ans et j'avais terminé mes études. Diplôme en main en étant l'un des premiers de ma promotion, j'ai acheté à l'aide de mes économies et d'une aide importante de mes parents un magasin en plein cœur de Manhattan pour ouvrir ma propre galerie. Je ne les remercierais jamais assez pour ce geste. Aujourd'hui, je suis donc galeriste et j'ai réussi à me faire un nom dans le métier. je reçois des photographe professionnel reconnu qui veulent exposer et d'autres inconnus que je vais chercher moi-même pour leur donner la chance de devenir célèbre. C'est d'ailleurs de cette manière que j'ai rencontré ma meilleure amie. Elle fut l'une des premières à qui j'ai fait confiance. Je lui ai offert une exposition qui l'a rendu plus célèbre qu'elle et j'ose me dire qu'elle ne serait pas où elle est sans moi. Je suis également en couple depuis deux ans maintenant. On vit ensemble mais notre relation n'est plus comme elle l'était au tout début. On s'engueule facilement, il travaille beaucoup plus et ne passe donc beaucoup moins de temps à la maison. Cette situation m'énerve et je l'énerve avec ça. Je me sens délaissé pour une carrière professionnel et cela n'est pas prêt de s'arranger.
« Tu viens avec moi ce soir, y'a une soirée en ville et j'aimerais que tu m'accompagnes ? »« Désolé, j'ai du travail. »« J'aurais dû m'en douter. Tu as toujours du travail. » Répliquais-je impulsivement.
« Ne commences pas... » Me répondit-il en sans me fixer, trop occupé à lire de la paperasse.
« Très bien. Dans ce cas, j'irais sans toi et tu peux aller te faire foutre. » En colère, j'attrapais ma veste et partis en claquant la porte. Je me dirigeais vers le parking de la résidence pour prendre mon pickup et rejoindre cette soirée donnée par un ami. Je m'amuserais sans lui. Après tout, il fut un temps où je n'avais besoin de personne pour faire la fête et j'avais toujours ce gêne en moi. Que la fête commence !